Comme nous l’avons déjà indiqué, l’année scolaire 2021-2022 a continué d’être perturbée par le COVID-19. Bien qu’il existe des différences importantes entre l’apprentissage en ligne traditionnel et l’apprentissage à distance exceptionnel et temporaire qui a eu lieu au cours des trois dernières années (Barbour et al., 2020), aucun rapport sur l’apprentissage à distance, en ligne et/ou mixte de la maternelle à la 12e année au Canada ne serait être complet sans une discussion sur la façon dont les juridictions ont fourni ces opportunités d’apprentissage à distance. Si la réponse à la pandémie est envisagée par phases (voir Figure 1), il est important de commencer la discussion en situant l’année scolaire 2020-2021.

Figure 1. Les quatre phases de réponses éducatives au COVID-19 en termes d’adoption de l’apprentissage à distance et en ligne.

Les auteurs ont décrit les quatre phases comme suit :

Phase 1 : Transition rapide vers l’enseignement et l’apprentissage à distance – Les établissements effectuent un mouvement vers la livraison à distance, s’appuyant souvent sur la vidéo synchrone, avec des changements massifs en seulement quatre semaines.

Phase 2 : (Ré) Ajouter des principes et des éléments de base – Les établissements doivent (ré) ajouter des principes et des éléments de base pour appuyer la transition d’urgence des cours; navigation dans les cours, accès équitable pour tous les élèves, y compris ordinateur fiable et haut débit, soutien aux élèves handicapés et intégrité académique.

Phase 3: Assurer une transition à long terme dans un contexte de perturbation – Les établissements doivent être prêts à appuyer les élèves pendant un semestre et être prêts à livrer en ligne, même s’ils commencent en face à face.

Phase 4: Nouvelle normalité émergente – Cette phase verrait des niveaux incertains d’adoption de l’apprentissage en ligne, ceux-ci probablement plus élevés que durant les jours pré-COVID-19, mais les établissements auraient de nouveaux outils de soutien et de niveaux de technologie pour appuyer de manière fiable les élèves.

En mars et avril 2020, les écoles de toutes les juridictions du pays ont été contraintes de passer à la phase 1 dans le but de simplement fournir une certaine mesure de continuité d’apprentissage aux élèves de la maternelle à la 12e année. Au printemps 2020, la plupart, sinon la totalité, des juridictions ont été en mesure de passer à la phase 2, où nous avons vu les enseignants et les élèves utiliser des outils “réintroduits” dans le but de reproduire l’l’apprentissage en classe (voir Nagle et al., 2020a pour une description complète de la transition d’urgence à l’apprentissage à distance qui s’est produite à la fin de l’année scolaire 2019-2020).

L’été 2020 aurait dû donner aux juridictions le temps de préparer leurs écoles à passer à la phase 3, une période de transition. La phase 3, souvent appelée phase de va-et-vient, est celle où les écoles sont en mesure de proposer, en fonction de l’épidémiologie locale du virus, un apprentissage en présentiel, un apprentissage à distance ou une combinaison des deux, et ce dans le but d’offrir aux élèves une expérience équivalente, quelle que soit la modalité utilisée. Cependant, la réalité était que peu de juridictions ont utilisé la fin précoce de l’année scolaire 2019-2020, la pause de l’été 2020 ou le retard de l’ouverture à l’automne 2020 pour commencer à tirer pleinement parti de leurs ressources existantes d’apprentissage traditionnel, d’apprentissage à distance, d’apprentissage en ligne ou d’apprentissage mixte pour mieux se préparer à l’année scolaire 2020-2021 (voir Nagle et al., 2020b pour une description complète de la planification et de la mise en œuvre de la rentrée scolaire de l’automne 2020). Comme Nagle et al. (2021a) ont conclu que « la réalité était que certaines juridictions n’avaient pas mis en place la planification ou la préparation nécessaire pour permettre à l’année scolaire 2020-2021 de se dérouler de la manière envisagée ou prévue dans la phase 3 » (p. 3). En fait, pour de nombreuses juridictions, l’année scolaire complète en 2020-2021 a été passée à différents niveaux de la phase 2 avec certaines juridictions revenant même parfois à la phase 1.

L’année scolaire 2021-2022 – Les leçons apprises sont largement ignorées[1]

Au cours de l’année scolaire 2021-2022, les juridictions ont continué à consacrer tous les efforts et toute leur attention à l’enseignement en présentiel, en ne s’intéressant que très peu à la préparation du ” va-et-vient ” décrit dans la phase 3. En effet, avec la poursuite des perturbations et des fermetures d’écoles, comme la grève des employés du secteur public au Nouveau-Brunswick en octobre 2021 (Brown & April, 2021), on peut affirmer que peu de juridictions pensaient même à une ” nouvelle normalité ” et à la capacité de passer rapidement de l’apprentissage en classe à l’apprentissage à distance avec un impact limité sur l’engagement et l’apprentissage des élèves. En Ontario, dans le ‘‘guide relatif à la réouverture des écoles de l’Ontario’’ (Davidson, 2021), les conseils scolaires étaient tenus d’envisager l’apprentissage à distance lorsque les écoles étaient fermées en raison du mauvais temps. En bref, la nécessité de planifier et de former efficacement les enseignants pour un modèle de ” va-et-vient ” entre l’enseignement en présentiel et l’apprentissage à distance ne pouvait être plus claire.

Il y a eu plusieurs exemples spécifiques au cours de l’année scolaire 2021-2022 où les juridictions ont fourni des détails et une orientation dans leurs plans annoncés pour l’année scolaire. Par exemple, les ministères du Nunavut et du Yukon ont tous deux publié des plans détaillés et descriptifs, offrant une variété d’options pédagogiques pour répondre à toutes les possibilités associées à une compréhension réaliste de la nature transitionnelle (va-et-vient) de l’année scolaire 2021-2022. Le document de 35 pages du Nunavut décrit une variété de stratégies visant à prévenir l’introduction du COVID-19 dans les écoles, la façon de réagir lorsque le COVID-19 est détecté dans l’école, la façon d’atténuer la propagation du COVID-19 une fois qu’il est présent, et la façon d’aborder la perturbation potentielle de l’apprentissage pour les élèves individuels, les classes ou l’école entière (Nunavut Department of Education, 2021a). De plus, reconnaissant que les années scolaires 2019-2020 et 2020-2021 ont toutes deux, été perturbées et que des niveaux d’apprentissage inégaux ont pu se produire, Nunavut Department of Education (2021b) a publié; Apprendre à être ensemble à nouveau : Soutien aux écoles du Nunavut 2021-2022, qui a commencé par mettre l’accent sur ” la récupération des apprentissages “, ou le ” processus de réponse qui permet aux élèves de faire la transition vers le retour à l’apprentissage en classe, et ce tout en abordant le bienêtre mental et physique et la réussite scolaire ” (p. 5). Les objectifs de la récupération des apprentissages étaient de déterminer où les élèves en étaient dans leur compréhension, puis de leur offrir des moyens flexibles pour les aider à atteindre leur but. Outre les aspects de la récupération des apprentissages, le document se concentre également sur la manière d’intégrer l’apprentissage mixte et l’apprentissage à distance – en fonction de l’épidémiologie locale.

De même, Yukon Education (2021), dans son document intitulé COVID-19 : Lignes directrices pour l’année scolaire 2021-2022, le ministère de l’Éducation du Yukon (2021) a fourni des directives claires sur ” ce à quoi ressemble l’école pour TOUS les élèves ” et ” ce à quoi ressemble l’école dans chaque école ” dans le cas d’une capacité scolaire de 100 %, 50 %, 20 % et 0 %. Essentiellement, il comprenait des descriptions détaillées des mesures de santé publique en place pour l’apprentissage en personne, de la façon dont les écoles fonctionneraient et dont l’apprentissage se déroulerait lorsqu’il y aurait un besoin d’apprentissage hybride avec une capacité de moitié et une capacité très faible, puis de la planification nécessaire pour l’apprentissage à distance. En outre, même en l’absence de perturbations, le document décrit les mesures qui seraient prises pour intégrer davantage l’apprentissage mixte dans les salles de classe, ce qui, selon le document, rendrait l’apprentissage hybride et l’apprentissage à distance moins difficiles à adapter. Ces types de plans étaient beaucoup plus réalistes en ce qui concerne le déroulement de l’année scolaire 2021-2022, comparativement à la perspective selon laquelle ” les élèves doivent retourner en classe, sauf “dans les circonstances les plus catastrophiques” ” (CBC News, 2021a, paragraphe 1). En fait, à part la Saskatchewan, le Yukon est la seule juridiction qui a ouvert comme prévu les écoles en janvier sans aucune mesure supplémentaire ou exigence d’apprentissage à distance. Cela suggère que les plans du Yukon permettaient de passer de l’apprentissage en personne à l’apprentissage à distance.

En outre, il convient également de noter qu’il existe des exemples de mesures spécifiques visant à soutenir la capacité des enseignants et des écoles à composer avec le “va-et-vient” de la phase 3. Par exemple, lors du lancement de l’année scolaire 2021-2022 en Nouvelle-Écosse, 75 % des parents interrogés ont déclaré disposer d’une bande passante fiable à leur domicile, grâce aux améliorations apportées l’année précédente (Montreuil et al., 2021), et la technologie qui a été distribuée dans les cas où elle n’était pas déjà disponible. De plus, cette connectivité a été associée à une orientation claire visant à améliorer les compétences des enseignants, ainsi qu’à la fourniture d’outils en ligne et de ressources pédagogiques qui ont été mis à la disposition de tous les enseignants de la province, certains étant également conçus pour les parents. En fait, la Nouvelle-Écosse est sans doute l’une des seules juridictions à avoir démontré sa capacité de ” va-et-vient” entre les modalités d’apprentissage et sa capacité à s’adapter aux circonstances changeantes, comme le décrit la phase 3 de la réponse à la pandémie.

En revanche, après que le ministère de l’Éducation de l’Ontario a annoncé que tous les conseils scolaires de la province offriraient une option d’apprentissage à distance pendant l’année scolaire 2021-2022, le modèle d’enseignement simultané ou d’apprentissage hybride qui a vu le jour en 2020-2021 était la seule option d’apprentissage à distance prévue par de nombreux conseils (Ontario Ministry of Education, 2021 ; Wilson, 2021). Alors que de nombreux conseils offraient déjà des programmes d’apprentissage en ligne facultatifs dont la taille doublait rapidement, certains conseils étaient incapables d’offrir un programme en ligne couvrant l’ensemble du curriculum (King, 2021 ; Simcoe County District School Board, 2021). De plus, de nombreux conseils scolaires ne disposaient pas du financement nécessaire pour créer ou offrir un programme d’apprentissage en ligne ou à distance (Wong, 2021c). Essentiellement, le modèle d’apprentissage hybride était la seule façon pour de nombreux conseils scolaires de satisfaire à l’exigence de la politique du ministère en matière d’apprentissage à distance dans la limite de leurs moyens financiers. Avant même le début de la nouvelle année scolaire, le modèle d’enseignement hybride a fait l’objet de critiques (Stewart, 2021) et les syndicats d’enseignants ont parlé de son impact négatif sur les enseignants et l’apprentissage des élèves (Fox, 2021).

Compte tenu des réalités épidémiologiques d’une pandémie, quelle qu’elle soit, on aurait dû s’attendre à ce que l’année scolaire 2021-2022 soit une autre année scolaire perturbée. Cependant, les politiciens et les décideurs politiques de tout le pays, à quelques exceptions près, ont continué à s’appuyer sur une structure qui prévoyait un apprentissage en personne avec peu d’efforts pour atténuer le potentiel de perturbation. De plus, lorsque les perturbations se sont inévitablement produites, les politiciens et les décideurs ont compté sur les enseignants et les administrateurs des écoles pour surmonter leur manque de planification et de préparation adéquates (Bayrami, 2022 ; Bocking, 2022 ; Campbell et al., 2022 ; Fédération du personnel de l’enseignement privé, 2022 ; Hodgson-Bautista et al., 2022 ; Organisation for Economic Co-operation and Development, 2020, 2021b). Cet échec de la part de nombreuses juridictions ne présage rien de bon quant à leur capacité à être en mesure de passer d’un état d’apprentissage en personne à un état d’apprentissage à distance au cours de l’année scolaire 2022-2023 ou à leur capacité à passer à la phase 4 ou à la ” nouvelle normalité émergente “.

 

[1] Tiré de LaBonte et al. (2022) aux pages 15-17.

2022 Apprentissage à distance de la maternelle à la 12e année

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